Le modèle allemand : de quoi être circonspect

L’industrie automobile de l’Allemagne, ce fleuron, est soumise à rude épreuve, soulignant que sa croissance en berne n’est pas chose passagère, car elle doit désormais faire face à de multiples défis.

Cela a commencé avec la crise du diesel et l’adoption de nouvelles normes européennes de pollution, s’est poursuivi avec la décélération des ventes sur ses grands marchés à l’exportation en raison du contexte mondial de baisse de la croissance, et pourrait s’amplifier si les menaces de Donald Trump de taxer les voitures européennes se concrétisaient alors que les ventes aux États-Unis de véhicules allemands représentent 45% des exportations automobiles européennes. Enfin, un Brexit sans accord serait une catastrophe de plus.

Déjà, le chiffre d’affaires des constructeurs allemands a reculé pour la première fois depuis 2009. Leurs prévisions pour 2019 sont à la baisse de manière significative et Daimler a enregistré leur chute de 29% en 2018.

Il ne fait pas bon de dépendre à ce point de ses exportations et qu’elles soient concentrées sur un produit phare, soulignant à quel point l’exemple allemand qui est proposé en modèle n’en est pas un. Selon l’institut IFO, une augmentation de 25% des droits de douane américains pourrait ainsi diviser par deux le volume des exportations de véhicules allemands aux États-Unis.

Sur le marché national, la situation n’est pas plus brillante. Les unes après les autres, les grandes villes interdisent la circulation des véhicules diesel dans leur centre-ville. Après Hambourg, sept autres grandes villes où les limites d’émission de dioxyde d’azote ont été dépassées devraient les rejoindre, dont Düsseldorf et Berlin. Près de 23 centres-villes allemands sont encore en dépassement des normes malgré les nombreuses mesures municipales.

Le résultat ne s’est pas fait attendre, les ventes de modèles neufs reculent fortement sur le marché intérieur, et sur celui de l’occasion la valeur des millions de véhicules diesel s’est effondrée, une moins-value qui se répercute sur la vente des véhicules à essence. Le lobby pro-diesel fait feu de tout bois et témoigne d’une grande agressivité à la mesure de l’enjeu. Cela va jusqu’à mettre en cause les tribunaux qui feraient mieux de s’occuper de ce qui les regarde et ne pas statuer sur des questions politiques, peut-on lire dans la presse.

Cette crise augure mal de l’avenir d’une industrie qui s’est reposée sur ses lauriers et qui a pris du retard sur le développement de la voiture électrique, pour lequel ses concurrents américains et chinois sont en avance. Des investissements massifs seraient nécessaires alors que les marges se rétrécissent.

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